Accompagner, aider, sans se perdre
Quand on cherche à aider les autres, à les accompagner, il n’est pas rare que l’on oublie tout simplement de s’occuper de soi, au point de se perdre.
C’est une situation qui touche aussi bien les accompagnants que les personnes malades en voie de guérison. Les premières dédient entièrement leur vie à la personne qu’ils accompagnent, les secondes, dès qu’elles se portent mieux, s’empressent de se dévouer aux autres.
Ne pas trop tirer sur la corde
Dans les deux cas, le résultat est le même. À trop tirer sur la corde, elle se casse.
L’épuisement tant physique que psychologique survient très souvent sans crier gare. Et ce, d’autant plus, que l’aidant, épuisé, a perdu toute lucidité.
Comment l’aidant peut-il accompagner celui ou celle qui souffre, si lui-même ne va plus bien ? D’autant plus que, consciemment ou inconsciemment, le malade ressentira l’épuisement de l’accompagnant et il en souffrira.
Vous aurez beau tricher sur votre propre état émotionnel, il transparaitra, inéluctablement. Et s’il y a bien une valeur essentielle dans les rapports entre accompagnant et malade, c’est l’intégrité. Seule l’intégrité permet une communication spontanée et authentique.
S’occuper de soi : un acte égoïste ?
Certains accompagnants considèrent à tort que s’occuper d’eux-mêmes est un acte égoïste au point de s’en sentir coupables. Il n’en est rien. S’occuper de soi, c’est tout simplement ne pas oublier de vivre sa propre vie.
C’est aussi ne pas fonctionner en surestimant ses propres capacités de résistance. Sur ce point, le dicton populaire est plein de bon sens : « Tant va la cruche à l’eau, qu’elle finit par se casser ».
La spirale infernale
On comprend mieux la spirale dans laquelle peut s’enfermer un accompagnant en lisant ce témoignage poignant d’une épouse qui a accompagné son mari pendant très longtemps :
« La disharmonie a été terrible, l’apprentissage de l’abnégation de soi au profit de l’autre, la résilience, la souffrance et la patience sont devenus le lot de mon quotidien ; le lot de chacun des jours, des heures, et de chacune des secondes de ma vie. Je n’avais plus qu’une seule obsession, une seule mission : aidez mon époux à s’en sortir… Et je me suis oubliée ».
Mais concrètement, que faire afin d’éviter de se précipiter vers le point de rupture ?
Que faire ?
À chacun de composer son propre programme d’activités qui lui permettra de se régénérer. Mais à condition de se faire plaisir. Échapper un moment au poids de l’accompagnement pour « s’obliger » à faire quelque chose est terriblement contre-productif !
Catalogue non exhaustif pour celles et ceux qui manquent d’idées : Prendre l’air, voir d’autres choses et d’autres gens ; veiller à se maintenir en forme ou à prendre le repos nécessaire pour recharger son capital énergétique ; continuer à faire des projets personnels ; conserver du temps pour ses loisirs ou ses centres d’intérêts, dessiner, peindre, faire de la poterie, aller au cinéma, au théâtre, à l’opéra, voir une exposition ; passer des moments entre amis sans parler des sujets qui toucheraient de près ou de loin à la maladie combattue ou à la personne que l’on accompagne ; aller chez le coiffeur, faire du shopping, ou faire du sport.
Vous avez compris le principe : à vous de jouer !
Voici un autre témoignage pour conclure ce point essentiel :
« Pour tenir le coup, je me suis attachée à trouver des échappatoires pour évacuer tout le stress généré par ce combat. J’ai aussi profité de chaque instant, sans oublier de continuer à voir l’avenir ensemble en continuant à construire et à former des projets, pour éviter de tomber dans la déprime ou d’en vouloir à mon compagnon ».
***
Pour découvrir les 7 réflexions à l’attention des accompagnants et de l’entourage des malades : cliquez ici